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Smyrne & Co
26 décembre 2018

Atatürk - Hitler

Dans son nouveau livre très documenté, Atatürk in the Nazi Imagination, (Atatürk dans l'imaginaire nazi) Stefan Ihrig rend compte du rôle important qu'Atatürk et la Nouvelle Turquie ont joué dans les esprits d'extrême droite à l'époque de Weimar en Allemagne, une influence qui a perduré pendant les années nazies. 

La révolution turque a été le sujet étranger ayant fait l'objet du débat le plus vif dans les années 1920, et non seulement les Nazis ont pris modèle sur le Mouvement national turc, mais les dirigeants nazis, de Hitler à Goebbels, ont été personnellement fascinés par tout ce que faisait Atatürk. 

Le 29 juin 1919, les journaux allemands ont annoncé la signature, la veille, du Traité du Versailles qui mettait fin à la Première Guerre mondiale et obligeait l'Allemagne à payer des compensations et à concéder des territoires. Deux jours plus tard, les journaux ont entamé ce que l'on peut seulement décrire comme une histoire d'amour avec Mustafa Kemal Pacha (Atatürk par la suite). Les articles sur la Turquie et son leader allaient remplir les journaux et les hebdomadaires allemands. 

Au cours des quatre ans et demi suivants, le journal conservateur Kreuzzeitung allait publier un total de 2200 articles et rapports sur la Turquie. Le journal affilié aux Nazis, Heimatland a accordé un huitième de son espace, chaque semaine du 1er septembre au 15 octobre 1923, à des présentations d'Atatürk. Dans tout le pays, les journaux se référaient à la Turquie en tant que «modèle» pour l'Allemagne.

Les faiseurs d'opinions nationalistes encensaient ce qu'ils voyaient comme des puissantes tactiques de négociations de la Turquie consistant essentiellement à : donnez-nous tout ce que nous voulons ou nous continuerons à nous battre et décriaient l'acceptation par l'Allemagne des conditions des Alliés. 

Certains, tel que le pasteur et homme politique influent, Max Maurenbrecher, ont même commencé à déclarer que si les Allemands s'étaient battus pour leur liberté et leurs frontières comme les Turcs, ils ne souffriraient pas des conditions onéreuses de Versailles. La révolution turque était un «rêve nationaliste-révisionniste devenu réalité, et même une version fétichisée, car il s'était réalisé par l'épée, sur le terrain, avec de grandes batailles et de nombreux rebondissements épiques», écrit Ihrig.

Atatürk in the Nazi Imagination — November 20, 2014  © Traduction de C. Gardon 

Atatürk in the Nazi Imagination by Stefan Ihrig


•  ———— Traduction de la présentation de l’éditeur

Tôt dans sa carrière, Adolf Hitler s’est inspiré de Benito Mussolini, son collègue plus expérimenté dans le fascisme – ce fait est largement connu.

Mais un modèle tout aussi important pour Hitler et les nazis est resté presque entièrement négligé : Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne. La convaincante présentation que fait Stefan Ihrig de cette histoire inédite promet de réévaluer notre compréhension des racines de l’idéologie et de la stratégie nazies.

Hitler s’intéressa en profondeur aux affaires turques de l’après 1919.

Il a non seulement admiré, mais aussi cherché à imiter la construction radicale d’une nouvelle nation sur les cendres de la défaite de la Première Guerre Mondiale.

Hitler et les nazis ont observé avec attention la manière dont Atatürk a défié les puissances occidentales pour s’emparer du pouvoir et ont largement calqué leur putsch de Munich sur la rébellion d’Ataturk à Ankara.

Plus tard, Hitler fit remarquer que dans la foulée de la Grande Guerre, Atatürk fut son maître, Mussolini et lui ses étudiants.

Cette fascination a perduré. Tandis que les nazis luttaient pour la prise du pouvoir dans les années 1920, Atatürk restait pour Hitler une «étoile dans l’obscurité», son inspirateur pour reconstruire l’Allemagne selon une ligne nationaliste, laïque, totalitaire et ethniquement exclusive.

La manière impitoyable avec laquelle les gouvernements turcs ont traité les minorités arménienne et grecque eut une influence directe sur le sort que les nazis firent subir aux Juifs allemands.

La nouvelle Turquie, ou du moins ses aspects que les nazis ont choisi de voir, devint un modèle pour les plans et les rêves d’Hitler dans les années qui ont précédé l’invasion de la Pologne.

par Denis Donikian

• • Adolf Hitler idolised the Turkish leader Mustafa Kemal Atatürk
The obsession was not only strategic, but was also deeply personal. The Führer referred to Atatürk as his “star in the darkness” and he felt the formation of modern Turkey was the sort of Germany he wanted to create.

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